La littérature
hélénienne est abondante. Mais à y regarder de près, les études fiables sont
tout de même très rares car, pour de multiples raisons, les auteurs racontent presque toujours l’histoire de
Napoléon à Sainte-Hélène sous forme d’uchronies. .
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Vue de Sainte-Hélène depuis le RMS, le matin |
La plus radicale
de toutes ces fantaisies est celle selon laquelle Napoléon ne serait jamais
venu à Sainte-Hélène car l’île n’existait plus. En effet, Napoléon doté de
talents divinatoires, s’était préalablement assuré qu’il ne puisse pas y être
exilé. L’empereur des Français l’avait tout simplement fait exploser.Voici donc la
véritable histoire de l’île racontée en 1841 par Louis Geoffroy dans son histoire
apocryphe de Napoléon :
« […] l'empereur, ayant envoyé une escadre à Sainte-Hélène,
fit transporter à bord des vaisseaux tous les habitants et toutes leurs
richesses. L'île, ainsi dépeuplée, fut minée dans tous les sens, remplie dans ses
plus grandes profondeurs de volcans factices et puissants qui rassemblaient
dans eux tout ce que la physique la plus nouvelle avait pu réunir de forces en
gaz comprimés, en vapeurs terribles, en poudres destructives, et, quand tout
eut été disposé, alors l'escadre s'éloigna en mer, plus de cinquante lieues de cette île
infernale. L'explosion de toutes ses mines éclata avec un retentissement
épouvantable et tel qu'à cette distance les vaisseaux l'entendirent et en
furent émus, et que la mer, soulevée par ces désordres immenses, prolongea jusqu'à
eux un reste encore terrible d'agitation et de tempête.
Les vaisseaux retournèrent, aussitôt après l'explosion,
sur les espaces où Sainte-Hélène avait existé; mais ce ne fut que pour assister
aux derniers écroulements de quelques restes calcinés qui semblaient n'être
demeurés jusque-là que pour constater leur agonie et leur mort à la face de
leurs bourreaux. Enfin, ces fragments furent enlevés par la mer le 5 mai 1821.
Tout fut consommé, et, l'Océan ayant labouré de ses vagues furieuses la place
où l'île avait existé, il n'en resta plus aucun vestige, et les navires purent
désormais traverser sans danger cet espace où, depuis la création, la terre
avait jusqu’alors incessamment régné.
Quoi donc avait motivé cette condamnation à mort
d'une île par un homme? Était-ce caprice, souvenir, horreur, crainte
superstitieuse ? Qui le sait ?[1] »
Si on comprend
bien cet historien, Sainte-Hélène aujourd’hui ne serait qu’une vue de l’esprit.
[1] Louis Geoffroy, Napoléon apocryphe, histoire de
la conquête du monde et de la monarchie universelle, 1812-1832, Paulin, Paris,
1841, p.356 et 357
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